Au fioul!

Pour le dernier baril de Brent
On s’est battu comme des brutes
Pour le dernier baril de Brent
Elle n’était pas raffinée, la lutte
On va bientôt sortir de l’ordinaire
Ça nous échappe complètement
Ça ne gaze plus super comme avant
Dans cette pétole, on manque d’air, effet de serre


Au fioul, au fioul, au fioul
On roule, on roule, on roule
Et tout s’écoule


Kérosène sur les côtes de Bretagne
La demande à haut degré d’octane
Et toutes nos indécences en panne
A quoi carburer? C’est notre drame
Quoi des hoquets dans la bagnole
Ils ne cliquettent plus nos diesels
Démis les émirs, plus rois du pétrole
On ne roule plus à fond les bielles


Au fioul, au fioul, au fioul
On roule, on roule, on roule
Et tout s’écoule


Palabres autour de l’arbre à cames
C’est bientôt l’ultime distribution
Dernières gou-gouttes de sans plomb
A l’heure du plein, on sonne l’alarme
Ces quatre-quatre roues qui m’attristent
Repus, gavés, remplis d’énergie fossile
Toute cette impuissance hors pistes
Ces chevaux en tout terrain immobiles


Au fioul, au fioul, au fioul
On roule, on roule, on roule
Et tout s’écoule


Or blanc fondu, or vert carbonisé
Or donc, nous voila sans or, épuisés
Comme cet or noir, tout pompé
Or nous voilà dans l’ornière, enlisés
Dans le réservoir, quoi s’injecter?
Mers parties, Terre tarie, désolées
C’est fini, on est au bout de l’Opep
Sur la nature, on a tiré les traites


Au fioul, au fioul, au fioul
On roule, on roule, on roule
Et tout s’écoule


Pour le dernier baril de Brent
On s’est battu comme des brutes
Pour le dernier baril de Brent
Elle n’était pas raffinée, la lutte

Photo: Jazella 

Philippe Villard

Jongleur de mots et débusqueur de sens, le journalisme et le goût des littératures ont dicté le chemin d’un parcours professionnel marqué du sceau des rencontres humaines et d’une curiosité insatiable pour l’autre, pour celui dont on doit apprendre.