La peinture au couteau

C’était le dernier été
Où tout allait bien
Je partageais à tes côtés
Le milieu du tableau
Dans un ciel sans grain
Sur nos vies, il faisait beau

Dans ce paysage du souvenir
S’est incrusté dans la toile
Une raideur de nature morte
J’ai vu la couleur se ternir
La perspective devenir moins forte
Des années s’est affalé le voile

Ce pays sans plus d’abordage
Où l’on a voulu m’immortaliser
N’a pas su rester sauvage
Ombre dans une vanité
L’idée des fins dernières
A rôdé de sinistre manière

Figé dans cet académisme
Où je ne siège plus
Emoussé aux angles du cubisme
Du cadre je me suis abstrait
Je me suis dérobé à la vue
Je suis hors champ, je disparais.

Photo: Steeve Johnson

Philippe Villard

Jongleur de mots et débusqueur de sens, le journalisme et le goût des littératures ont dicté le chemin d’un parcours professionnel marqué du sceau des rencontres humaines et d’une curiosité insatiable pour l’autre, pour celui dont on doit apprendre.