L’auteur neuchâtelois se plaît à créer des personnages d’enquêteurs qui restent dans une certaine ligne, faisant fi des modes. Rencontre
Venu au livre après avoir été journaliste et surtout chancelier de l’État de Neuchâtel entre 1981 et 2009, Jean-Marie Reber s’est taillé une place singulière dans la littérature populaire et policière romande. Résolument à contre-courant des enquêtes violentes ou des limiers dépressifs, il avoue préférer «aux affaires sanglantes des enquêtes plus psychologiques» et portées par des personnages tellement plus traditionnels qu’ils en deviennent atypiques.
En changeant de maison d’édition, il a aussi changé d’enquêteur délaissant son pépère inspecteur Fernand Dubois, sorte de Columbo du littoral neuchâtelois qui a vécu l’espace de six aventures. «Avec Dubois, j’ai aussi cherché a explorer les rapports hommes/femmes et l’histoire d’un adultère sur fond d’investigations policières», explique-t-il. Désormais, il développe le personnage de Max, un jeune avocat sans cause, membre d’un club service et sensible lui aussi aux sollicitations féminines. «J’en ai fait une sorte d’Hercule Poirot à la sauce helvétique», glisse-t-il avec gourmandise.
Dans le premier volet intitulé «Relax Max!», l’enquête démarre à Genève et s’attache à développer un ressort traditionnel du genre: la double vie de la victime. Une intrigue émaillée de péripéties secondaires qui sont parfois inspirées de faits réel.
Des projets
«Le serment de Treptower Park», deuxième volet de la série est paru ce printemps. Il tisse son intrigue sur fond de parcours horloger et de vengeance différée. Fasciné par l’époque de la Guerre froide, Jean-Marie Reber revient aussi sur ce que fut la société en République démocratique allemande, suspendue aux menées de la redoutable Stasi. Dans ce monde où l’on s’espionnait mutuellement, l’accès aux archives de la police secrète «s’est aussi traduit, après la chute du Mur, par plus de 100’000 divorces à Berlin», note-t-il encore. Et c’est aussi pour cela qu’il a choisi de faire de ce lieu historique des bords de la Spree, rendu célèbre par le monumental cimetière soviétique aménagé après la Seconde Guerre mondiale, le point nodal de cette enquête.
«Max et le pasteur», troisième et dernier volet de la saga sortira au printemps prochain. Mais fidèle à sa ligne et à ses principes, Jean-Marie Reber n’entend pas en rester là. Celui qui se fait un point d’honneur à rédiger ses 5000 signes par jour a déjà dans ses tiroirs d’autres projets et d’autres décors. Il annonce ainsi «un western et une histoire qui se passe en Afrique du Sud, mais toujours avec un peu de policier.»
En écrivain assidu, Jean-Marie Reber s’est trouvé un lectorat plutôt fidèle qui apprécie son style rigoureux, mâtiné de distance ironique et de tradition de bon aloi. Construction maîtrisée et narration efficace complètent un travail qui s’enracinerait dans une lignée plutôt inspirée par des atmosphères à la Simenon ou à la Boileau-Narcejac.
De Max à Dubois, une certaine idée du polar loin des tendances et du bruit médiatique!
L’ultime enquête de Max est prévue pour le printemps 2023-
Le portrait de l’auteur a été réaisé par Rromir Imami