Trump ou la politique du petit Blanc

Ainsi donc, Donald Trump entend rester aux commandes de l’Amérique. Et tous les observateurs le donnent déjà gagnant de la prochaine élection présidentielle alors qu’a peine élu, ils le voyaient contraint à la démission, miné par les scandales et sous la menace d’une procédure d’impeachment.

Comment expliquer ce retournement à l’heure où déjà sortant parade aux côtés d’un «Grand Satan», le dictateur nord coréen Kim Jong-un.

Pourquoi la perspective de la réélection s’impose-t-elle? Parce que Donald Trump dispose déjà d’assez de fonds pour lancer sa machine électorale. Parce qu’il est seul en lice aussi face à un camp démocrate qui respecte sa dynamique de démocratie interne. Parce qu’il plaît à l’Américain moyen en roulant ses muscles. En menaçant de frappes aériennes ici ou là, en déclarant des guerres commerciales, en dénonçant de façon unilatérale des traités dûment signés, en remettant en cause la fiabilité de certains de ses alliés, en défendant des murs anti-migrants, en assumant un impérialisme totalement décomplexé, en jetant aux orties les timides avancées sociales de «l’Obama care», Donald Trump n’hésite pas à donner dans le populisme, à le revendiquer même.

Mais au fond, que signifient ces rodomontades, ces mouvements de menton, ces muscles roulés et tatoués «Stars and Stripes»?

Tout cela ressemble à une politique de «petit Blanc» qui incarne la restauration de figures telles le Wasp et le redneck. En politique extérieure, Donald Trump ne cesse d’exclure l’autre, l’étranger, du paradis américain. En politique intérieure, il ne cesse de détricoter tout ce qu’a pu construire lors de ses deux mandats un président Noir dont on a aussi loué l’élégance.

Malgré ses milliards mais aussi à cause d’eux et de la réussite qu’ils symbolisent, Donald Trump incarne de manière très clivante et empreinte de machisme, la supériorité intrinsèque de ce blanc que l’on a méprisé et stigmatisé. Les motivations du trumpisme triomphant sont fondamentalement racistes et ne cessent d’activer ces ressorts enfouis et honteux que toute son action politique tend à légitimer.

Hier il allait tomber. Aujourd’hui il va rebondir. Mais demain qu’en sera-t-il?

Ne dit-on pas des États-Unis qu’ils sont le pays de tous les possibles. Alors pourquoi pas celui d’un grand réveil démocratique ?
(Mis en ligne en novembre 2019)

Philippe Villard

Jongleur de mots et débusqueur de sens, le journalisme et le goût des littératures ont dicté le chemin d’un parcours professionnel marqué du sceau des rencontres humaines et d’une curiosité insatiable pour l’autre, pour celui dont on doit apprendre.