Dernier tango a Buenos Aires
Pelé great, Maradona Good, George Best… À chacun son panthéon footballistique. Mais si vous êtes nostalgique du Pibe de oro, de la main de Dieu et d’autres jongles et dribbles venues d’ailleurs, c’est le magbook qu’il faut avoir lu. D’articles en photos, d’interviews en petites phrases écrites en gros, ce Monumental se dresse comme une pierre tombale érigée à la mémoire de Diego Armando Maradona. En le lisant, en le parcourant, en le picorant, on en apprend plus que dans une biographie traditionnelle tant les entrées sont multiples et que chaque interlocuteur a de la place pour s’exprimer.
Au fil des pages et du découpage alphabétique choisi (A comme Addict ou comme Amour, N comme N’importe quoi, M comme Magnifique, R comme Rue…) l’équipe de «So Foot» cisèle avec ce qu’il faut d’admiration et d’irrespect les contours d’un Maradona que l’on a aimé et qui nous a agacé aussi. Des souvenirs émergent de cette époque où il régalait la chique et dont sans doute, loin très loin et très profondément en lui, il n’a jamais sur faire le deuil.
En lisant ce document culte, collector et créatif (ah les «Copains d’avant» du Barça, du Napoli ou de l’Albiceleste), on peut aussi penser à la phrase de Zlatan, autre grand fêlé du football dans son genre, quand il dit «On peut sortir un gars du ghetto mais on ne peut pas sortir le ghetto du gars.»
Et au delà de toutes ses gloires, de ces réussites et de ses échecs aussi Maradona est resté le cebollita de la Villa Fiorito. Ce gosse issu du barrio à l’indécrottable esprit porteño qui pense que l’on peut jongler avec tout, le ballon d’abord mais aussi la gloire, l’argent, la drogue et les puissants du football. On peut en refermant ces pages pleine d’amour et d’humour, penser que certains détenteurs de pouvoirs, à la Fifa ou ailleurs, ont mal encaissé ses petits et ses grands ponts.
Malgré sa célébrité et ses déchéances, malgré ses errements et ses turpitudes, parce que sa vie combine les sentiers de la gloire et le chemin de croix, il semble rester de Diego Armando Maradona quelque chose de viscéral qui le pousse du côté des pauvres et des vaincus et lui confère la dimension d’un saint laïque, d’un homme qui a su apporter du bonheur et un supplément d’âme au monde. Un homme dont le talent se situe au delà du bien et du mal.
«Hasta Siempre», So Foot, 480 pages
Une phrase: «Si je ne suis pas encore mort, c’est parce que Dieu ne veut pas que je foute le bordel chez lui», Diego l’éternel libre dans sa tête, et c’est pas de la tartelette mon gars!