Je roule vers toi

La route s’étire, noire et dure
Et je file à toute allure
Entre des barreaux de platanes
Aux troncs balafrés de drames

Je roule vers toi
Qui m’attend là-bas

La ferraille vibre, je serre les dents
Pédale soudée au plancher
Mains crispées au volant
Mû par la vie, poussé par le vent

Je roule vers toi
Qui m’attend là-bas…

Je te sais tout près d’ici
Dans cette ville endormie
Où j’entrerai tout à l’heure
Je t’emmène, mon cœur,
Je t’enlève, mon âme sœur,

Je roule vers toi
Qui m’attend là-bas…

La ferraille vibre, je serre les dents
Pédale soudée au plancher
Mains crispées au volant
Je nargue la mort au tournant

Je roule vers toi
Qui m’attend là-bas…

Dans la lumière des phares
Enfin libre comme le vent
Je course le temps
Je poursuis un retard
Je viens te voir . Je viens te voir
Je viens te voir. Je viens te voir…

Je roule vers toi
Qui m’attend là-bas…

Sur cette route déserte
Sur cette route noire et dure
L’aube dentelle sa guipure
Soudain un crissement, un barrage
Un éclair soudain, un dérapage
Et ce fossé où je reste, inerte

Et je roule vers toi
Qui m’attend déjà

Photo: Elijah O’Donnell

Philippe Villard

Jongleur de mots et débusqueur de sens, le journalisme et le goût des littératures ont dicté le chemin d’un parcours professionnel marqué du sceau des rencontres humaines et d’une curiosité insatiable pour l’autre, pour celui dont on doit apprendre.