Le parcours d'un sacré larron

Son nom reste à jamais associé au «Salaire de la peur». Un succès qui lui a collé à la peau comme un marcel imbibé de sueur au torse d’un déclassé sous le ciel d’une république bananière.

En 2017 toutefois, dans l’univers éditorial, la publication d’un livre intitulé «La Serpe» a ramené le nom de Georges Arnaud (1917-1987) sous les feux de l’actualité en s’intéressant à la sombre affaire criminelle dans laquelle il fut accusé et qui, sans doute, contribua à réorienter sa vie.

Mais pour mieux cerner l’entier de cet écrivain baroudeur et touche-à-tout, engagé comme on l’est plus, généreux comme on a oublié de l’être et rebelle comme on devrait tous l’être, les éditions À plus d’un titre ont fait le bon coup de rééditer ce livre de 1994. En admirateur avoué, Roger Martin explore les ressorts créatifs et les motivations d’un personnage haut en couleur aussi prompt à jouer les redresseurs de torts qu’à s’engager pour le FLN et aller vivre en Algérie entre 1962 et 1974 ou à devenir un enquêteur rigoureux pour la télévision. Il sait aussi osciller entre anecdotes et admiration pour évoquer les amitiés et les choix de l’homme tout en sachant relier tous ces éléments à une œuvre journalistique et littéraire variée qui mêle romans, théâtre, nouvelles.

En visitant cette «Maison Arnaud» dans les pas de Roger Martin, on se prend à espérer qu’un jour peut-être – sans vouloir la Pléiade non plus – ses écrits fassent l’objet d’une réédition intégrale.

La phrase: «Arnaud continue à vivre comme il l’entend, manifestant toujours le même mépris pour l’argent qu’il jette par poignée dans une commode au tiroir ouvert en permanence ou chacun peu piocher.»

Georges Arnaud, vie d’un rebelle, Roger Martin, À plus d’un titre éditions, 2009, 499 pages

Philippe Villard

Jongleur de mots et débusqueur de sens, le journalisme et le goût des littératures ont dicté le chemin d’un parcours professionnel marqué du sceau des rencontres humaines et d’une curiosité insatiable pour l’autre, pour celui dont on doit apprendre.